Urbex

YAU_9947Les lieux ont une âme. Ce sont des anonymes, qui deviennent acteurs sans le savoir, au détour d’une ruelle, au sortir d’une échoppe, qui les animent. On y capture des fragments de l’existence humaine dans ce qu’elle a de plus authentique.

Mais l’Urbex ne se limite pas à figer les instants de l’activité humaine. Elle peut être en quête de l’empreinte de ce qui dans un autre temps fut animé. Le photographe devient alors le révélateur de l’identité nouvelle d’un lieu qui se révèle dans sa nudité, sa décrépitude, son éternité. Car l’Urbex s’intéresse autant à l’agitation qu’il fige, qu’à l’abandon qui est, lui aussi, un mouvement dont le photographe saisit l’instant. Il capture ce qui, sans lui, passerait inaperçu avant de disparaître, soit dans le bruit et le tumulte, soit dans le silence ou l’écho du bruit d’autrefois.

C’est Jeff Chapman (1973-2005), plus connu sous le pseudonyme de Ninjalicious qui est à l’origine de l’expression Urban Exploration, dans les années 1990. Elle désigne l’activité qui consiste à visiter des lieux, toutes sortes de lieux. Le photographe Darmon Richter, spécialiste du genre, explique que l’Urbex est la découverte de la perspective d’un lieu suivant un angle, un horaire, une circonstance qui le rendent nouveau.

La sensibilité peut devenir une spécialité, comme l’exploration des toits ou encore celle des catacombes et autres souterrains ou égouts. La découverte des ruines aussi, ou bien encore d’anciens sites industriels. L’exploration peut éclore en pleine ville, mais aussi dans une zone rurale.
Urbex - Ferme Bretonne-25Cette passion n’est pas toujours sans risques. Les personnes ont le droit à leur image et en disposer doit se faire avec leur consentement.  Les lieux abandonnés représentent tous les dangers propres aux ruines ou aux émanations de gaz ou substances chimiques pour d’anciens sites industriels. Et pénétrer dans des lieux interdits d’accès n’est pas sans dangers. Car la globalisation de la communication et de l’échange des images, a amené un engouement toujours plus populaire pour l’Urbex : Un débat est né pour ne pas confondre exploration et vandalisme. L’Urbex est avant tout une passion même si elle peut parfois s’exprimer aux limites de la légalité. Le livre de Jeff Chapman publié en 2005, “Access All Areas : a user’s guide to the art of urban exploration” en révèle les règles informelles qui servent encore aujourd’hui de références.

Les explorateurs urbains sont de tous les pays et de toutes les cultures. C’est une communauté riche de sensibilités particulières qui expriment toutes les nuances de cet art. Certains comme Barbara Glowczewski (La cité des Cataphiles, Paris, 1983) ou encore Lazar Kunshman (La culture en clandestin : L’UX, France, 2009) ont contribué à donner à cet art devenu populaire, ses lettres de noblesse.

L’Urbex est une relation particulière au temps et à l’espace. Ce que beaucoup ignorent, méprisent ou oublient contient une ambiance, une atmosphère particulière faite d’instants de lumière et de mise en scène d’imprévu, d’inhabituel ou de revisité. C’est comme un signal venu réveiller l’âme de l’urbexeur qui sommeille peut-être en chacun de nous…