Jean Paul Marchal est graveur sur bois et imagier à Epinal. Passionné de dessin, d’illustrations et de typographie, cet homme de plus 80 ans travaille dans son petit atelier où le temps semble s’être arrêté dans une autre époque qu’il aime à faire revivre. Ses illustrations prennent vie grâce à un savoir-faire ancestral dont il est l’un des derniers gardiens et trouvent régulièrement acquéreurs auprès de l’Imagerie d’Epinal ou d’autres collectionneurs d’images.
Un atelier de bric et de broc
Tel un artiste, Jean Paul Marchal œuvre dans son petit atelier empreint de souvenirs, d’objets et d’outils quasi oubliés avec l’arrivée du numérique. A l’heure où il suffit aujourd’hui de jouer de la souris pour créer une image, ici, tout est resté tel qu’à l’ère de l’imprimerie.
Les étagères qui habillent les murs du sol au plafond cachent des dizaines de pots d’encres, presses, pochoirs, ciseaux, rabots et casses en bois, savamment disposés. Ces boîtes servaient encore il y a une trentaine d’années à ranger les lettres de plomb utilisées pour l’impression des journaux, livres d’art et images pieuses très prisées encore au début du XX ème siècle.
Jean Paul a racheté son matériel au fur et à mesure des fermetures d’imprimeries : presses, encreurs, pochoirs, lettres de plomb… C’est sa manière à lui de contrer le temps qui passe, de conserver ce patrimoine de l’histoire de l’imprimerie.
Du bout de ses doigts, il redonne vie à ces outils oubliés, ces techniques d’impression d’antan pour que naissent encore aujourd’hui de belles esquisses illustrées. Autrefois, délicatement encrées et pressées sur du papier Vélin d’Arches, ces dessins racontaient des histoires que bien d’enfants ont apprises dans les livres de lecture, aujourd’hui elles font le bonheur des collectionneurs et des amateurs de belles cartes.
C’est ce patrimoine d’expression que Jean Paul fait revivre avec amour depuis maintenant plus de 30 ans.
Un destin singulier
Après avoir enseigné de longues années, Jean Paul revient à sa passion première : le dessin. Petit-fils de menuisier, il a grandi au milieu des copeaux de bois. C’est donc naturellement qu’il joue de la gouge et du ciseau sur les planches de bois dont il se sert pour encrer les tablettes de bois. C’est du vide laissé sur le bois par son coup de main aguerri que l’encre révèle les histoires que Jean Paul aime tant raconter.
Il entre à l’école de l’image d’Epinal et se perfectionne dans ses techniques, peaufine son savoir-faire jusqu’à ce que son talent soit révélé par un critique d’art qui le proclame aussitôt comme « l’imagier d’Epinal ». Très vite, la presse locale fait de Jean Paul Marchal, un dessinateur incontournable et les commandes d’images, lithographies et typographies arrivent de partout.
C’est son approche moderne de l’illustration et son talent inné pour raconter des histoires en images qui font sa notoriété. Car être imagier, c’est avant tout être conteur.
Jean Paul dit à qui veut l’entendre qu’il vit sur une autre planète : il est entré en religion quand pour la première fois il est entré dans un atelier de typographie. Depuis, il manie quotidiennement les outils et les fait chanter. Il cisaille le bois, le découpe, le travail jusqu’à obtenir le rendu attendu.
C’est un travail minutieux presque un travail d’orfèvre.
L’Imagerie d’Epinal, patrimoine régional
L’Imagerie d’Epinal reconnaît en cet artiste un talent hors pair et propose à la vente de nombreuses de ses illustrations. Cette imagerie est le symbole d’Epinal ville de l’image, veille de plus de 200 ans, elle cache en son antre de nombreuses machines et outils de l’imprimerie classés au patrimoine historique.
Le musée présente d’ailleurs une collection de plus de 1300 bois gravés classés utilisés autrefois pour la gravure des fameuses images d’Epinal chargées d’humour et de symbolique.
Jean Paul est l’un des ange-gardien des lieux et sa collection particulière de bois gravé est exceptionnelle.
En passant par Epinal, vous entendrez peut-être cet air que Jean Paul Marchal entonne quand il joue de ses instruments : arrêtez-vous comme moi je l’ai fait et écoutez cet homme passionné et passionnant…
Le 24 février 2015, un autre Jean-Paul me conduit dans cet endroit tout simplement exceptionnel !
Comme quoi, donner des cours de photos peut conduire à des découvertes improbables, dont celle-ci fait partie. Je n’aurais pas espéré une telle chance, mais elle s’est présentée à moi.
J’espère avoir rendu au travers de ces photos, ce qui m’a été donné dans l’émotion de ce moment.
Merci J.P & J.P !